Bintou Keita, représentante spéciale du secrétaire général des Nations Unies et cheffe de la MONUSCO, a récemment informé le Conseil de sécurité de l’ONU de la situation préoccupante en République Démocratique du Congo (RDC). Dans son exposé du 30 septembre à New York, elle a mis en lumière la mainmise croissante des groupes armés sur les ressources naturelles du pays, en particulier dans la région du Nord-Kivu.
Le M23, un groupe armé particulièrement actif dans cette zone, a consolidé son contrôle sur les territoires de Masisi et de Rutshuru. Cette mainmise leur permet de dominer la production de coltan, un minerai stratégique utilisé dans l’industrie technologique mondiale.
« Le M23 contrôle désormais la production de coltan dans les territoires de Masisi et Rutshuru », a expliqué Mme Keita.
Elle a précisé que ce commerce génère environ 300 000 dollars par mois pour ces groupes armés, notamment dans la région de Rubaya, connue pour fournir une part significative de tantale, un composant clé de l’industrie technologique mondiale.
Cette exploitation illégale profite non seulement aux groupes armés locaux, mais également à des acheteurs internationaux, accusés de complicité dans ces transactions. Bintou Keita a souligné que cette situation perpétue l’instabilité et empêche tout effort de pacification dans la région.
« Le trafic illégal des ressources naturelles de la RDC, exportées de manière illicite, renforce les groupes armés et favorise l’exploitation des populations civiles, dont certaines vivent dans des conditions assimilables à l’esclavage », a-t-elle déclaré.
Face à cette situation, Mme Keita a plaidé pour des sanctions internationales fermes contre les acteurs impliqués dans ce commerce illégal. Elle a également appelé la RDC à prendre des mesures pour améliorer la gouvernance de ses ressources naturelles et à encourager la transformation locale de ces minerais.
« Il est crucial que la RDC développe des chaînes de valeur locales pour transformer ses ressources naturelles, et qu’elle traque ceux qui participent aux trafics illicites », a-t-elle insisté.
Bintou Keita a aussi exprimé son inquiétude concernant la violence sexuelle, un autre problème grave qui affecte les femmes et les filles dans les zones de conflit en RDC.
Elle a exhorté la communauté internationale à ne pas négliger cet aspect dans ses efforts de stabilisation du pays.