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Joseph Kabila réactive ses réseaux politiques et diplomatiques face aux tensions en RDC

L’ancien président congolais Joseph Kabila multiplie les rencontres diplomatiques et politiques en Afrique, tout en se rapprochant de figures de l’opposition en RDC. Face aux crises que traverse le pays, il appelle à un dialogue national inclusif, soutenu par les Églises.

Depuis plusieurs mois, l’ancien président congolais Joseph Kabila semble opérer un retour discret mais stratégique sur la scène politique et diplomatique, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Confronté à de lourdes accusations, notamment des crimes de guerre et des exactions contre des civils, Kabila n’en demeure pas moins actif, tissant des alliances et multipliant les échanges dans la région des Grands Lacs.

L’ancien chef de l’État, qui a dirigé la République démocratique du Congo de 2001 à 2019, renforce méthodiquement ses appuis dans la sous-région. À travers une série de rencontres avec des chefs d’État en exercice et des figures politiques influentes du continent, Kabila cherche manifestement à repositionner son image et à peser sur les dynamiques actuelles.

Depuis le début de l’année, il a effectué plusieurs déplacements discrets. À Nairobi, il a été reçu par le président kényan William Ruto. Si les détails de cette entrevue n’ont pas filtré, cette visite témoigne d’un effort diplomatique de plus grande envergure. Quelques jours auparavant, Joseph Kabila avait eu un long entretien avec l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, aujourd’hui médiateur mandaté par la Communauté d’Afrique de l’Est et la SADC dans les conflits régionaux. Cette rencontre intervient dans un contexte où Obasanjo s’implique activement dans les pourparlers régionaux, notamment au Qatar, où il a rencontré les diplomates qatariens engagés dans les efforts de médiation.

Ces manœuvres internationales s’accompagnent d’un repositionnement interne. Sur la scène politique congolaise, Joseph Kabila multiplie également les gestes d’ouverture. Dans un fait inédit, il a cosigné un communiqué avec Martin Fayulu, figure emblématique de l’opposition congolaise. Parallèlement, il maintient un dialogue avec Moïse Katumbi, un autre poids lourd de l’opposition et originaire, comme lui, du Katanga.

Ensemble, ces anciens rivaux plaident pour l’organisation d’un dialogue national inclusif, visant à aborder en profondeur les multiples crises qui minent le pays : insécurité à l’Est, crise électorale persistante, tensions sociales et problèmes de gouvernance. Ils soutiennent également les efforts de médiation initiés par les principales confessions religieuses du pays, notamment l’Église catholique et l’Église protestante, qui appellent à une concertation nationale pour restaurer la cohésion et la stabilité.

Alors que la RDC traverse une période de fortes turbulences politiques et sécuritaires, le retour de Joseph Kabila dans les arènes diplomatiques et politiques soulève de nombreuses interrogations. S’agit-il d’une stratégie de défense face aux accusations portées contre lui ? D’un désir de redevenir un acteur clé dans la résolution des crises congolaises ? Ou d’un projet plus ambitieux de reconquête politique ?

Une chose est sûre, Kabila n’a pas dit son dernier mot.

Henry Fiti

Journaliste et développeur congolais, fondateur de Congonet 24. Passionné par l’information et la technologie, je m’engage à offrir une actualité fiable et accessible.

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