Justice tranchée : Augustin Matata Ponyo condamné à 10 ans de travaux forcés dans l’affaire Bukanga-Lonzo
L’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo a été condamné ce 20 mai 2025 à 10 ans de travaux forcés par la Cour constitutionnelle pour détournement de fonds publics dans l’affaire Bukanga-Lonzo. Sur 279 millions de dollars alloués au projet, seuls 34 millions ont été utilisés correctement. Ce verdict marque un tournant dans la lutte contre l’impunité en RDC.

Kinshasa, 20 mai 2025 – C’est une décision forte et symbolique que vient de rendre la Cour constitutionnelle. Dans un verdict historique, la plus haute instance judiciaire du pays a condamné ce mardi l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo à dix années de travaux forcés pour détournement de fonds publics, dans le très controversé dossier du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo.
Dès l’ouverture de l’audience, la Cour a affiché sa fermeté. Face aux multiples objections soulevées par la défense, elle a rappelé que nul n’est au-dessus des lois, quel que soit son rang ou sa fonction passée. « L’immunité protège la fonction, pas l’individu », a tranché la Cour, affirmant sa compétence pour juger Matata Ponyo, malgré son statut de député. Une position qui envoie un message clair : la justice congolaise refuse désormais d’être entravée par les privilèges politiques.

Le cœur de l’affaire porte sur une gestion jugée catastrophique du projet Bukanga-Lonzo, initialement présenté comme un levier pour la souveraineté alimentaire de la RDC. Mais les chiffres parlent d’eux-mêmes : sur 279 millions de dollars déboursés par l’État, seuls 34 millions ont réellement servi aux objectifs du projet. Le reste, selon les juges, a été détourné, en violation flagrante de la loi et de l’intérêt public.
La condamnation de Matata Ponyo s’inscrit dans une volonté affichée de restaurer l’autorité de la justice et de mettre fin à l’impunité des hauts responsables. Elle fait suite à des années de pression de la part de l’opinion publique, des ONG et des institutions nationales de contrôle, tous réclamant des comptes sur l’un des scandales financiers les plus marquants de la dernière décennie.
En se montrant intransigeante, la Cour constitutionnelle affirme son rôle de gardienne des intérêts du peuple congolais. Cette décision, au-delà de son poids judiciaire, est aussi un signal fort envoyé à tous ceux qui, demain, auront à gérer les deniers publics. La justice congolaise semble avoir franchi un cap, en montrant qu’elle peut, et doit, frapper même les plus puissants lorsque les faits l’exigent.
Reste désormais à voir si cette rigueur judiciaire sera maintenue dans d’autres dossiers sensibles. Une chose est certaine : avec cette condamnation, la justice congolaise vient de poser un jalon important dans la lutte contre la corruption et la malversation au sommet de l’État.