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RDC : les exportations de cobalt toujours à l’arrêt, Kinshasa prolonge la suspension pour trois mois

En République démocratique du Congo (RDC), les autorités ont annoncé la reconduction, pour une durée de trois mois, de la suspension des exportations de cobalt. Cette décision, rendue publique le samedi 21 juin, s’inscrit dans un contexte de forte volatilité des prix sur le marché international et traduit la volonté du gouvernement congolais de mieux encadrer la commercialisation de cette ressource stratégique.

Le cobalt, dont la RDC assure près de 70 % de la production mondiale, est un métal clé dans la fabrication des batteries, notamment celles utilisées dans les véhicules électriques. Mais malgré une demande structurellement forte, les cours ont chuté brutalement ces derniers mois. Le prix de la tonne est passé de plus de 80 000 dollars en 2022 à environ 33 000 dollars actuellement, fragilisant les recettes d’un pays qui dépend largement de ses exportations minières.

Cette prolongation de la suspension n’est pas un acte isolé. Il s’agit de la deuxième mesure de ce type prise depuis le début de l’année. Elle concerne toutes les formes d’exploitation du cobalt sur le territoire : des grandes sociétés minières aux activités artisanales, en passant par les exploitants semi-industriels.

L’Autorité de régulation et de contrôle des marchés des substances minérales stratégiques (Arecoms), chargée du suivi de cette politique, a indiqué qu’une nouvelle évaluation sera menée à l’issue de cette période. L’interdiction actuelle pourrait alors être reconduite, assouplie ou totalement levée, selon l’évolution des conditions économiques.

Au-delà de cette décision ponctuelle, Kinshasa cherche à asseoir une gouvernance plus rigoureuse sur le cobalt, souvent surnommé « l’or bleu » du XXIe siècle. Il y a un an, le président Félix Tshisekedi avait déjà évoqué l’idée d’instaurer des quotas d’exportation, avec pour objectif de stabiliser les prix et de renforcer la valeur ajoutée locale.

La RDC se trouve ainsi à la croisée des chemins : entre l’impératif de préserver ses revenus miniers et la nécessité de mieux contrôler un secteur souvent critiqué pour son manque de transparence et les conditions de travail dans certaines mines. Le pays devra également composer avec les dynamiques d’un marché mondial en mutation rapide, alors que la transition énergétique pousse la demande de cobalt à des niveaux inédits.

Pour l’instant, l’impact de cette suspension prolongée sur l’économie congolaise reste difficile à évaluer. Mais une chose est sûre : Kinshasa entend faire entendre sa voix sur la scène internationale, en s’imposant non seulement comme un fournisseur incontournable, mais aussi comme un acteur souverain dans la régulation des ressources critiques.

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