
Le gouvernement congolais a décidé d’engager une série de réformes urgentes pour remettre en marche le Fonds spécial de réparation et d’indemnisation des victimes des activités armées de l’Ouganda (FRIVAO), paralysé depuis plusieurs mois par des dysfonctionnements graves. L’annonce a été faite à l’issue du Conseil des ministres tenu le vendredi 14 novembre 2025, au cours duquel le ministre d’État en charge de la Justice a présenté une note détaillant la situation critique du dispositif.
Selon cette note, qui fait suite à une mission d’évaluation menée à Kisangani du 6 au 10 novembre, les populations affectées attendent une indemnisation « forte et légitime » et souhaitent la reprise immédiate des activités du FRIVAO. Mais plusieurs obstacles majeurs bloquent le processus. Le ministre de la Justice a notamment évoqué « le détournement des fonds destinés aux victimes », la « politisation de la structure », des « rétro-commissions » sur les fonds alloués, ainsi que l’introduction dans la base de données de « fausses victimes et de victimes fictives ». À cela s’ajoutent des cas de corruption et des conflits persistants entre associations de victimes.
Face à ce constat alarmant, le gouvernement estime qu’« une réforme en profondeur et immédiate est impérative ». Le compte-rendu du Conseil des ministres précise que des mesures correctives ont été proposées afin de « restructurer, assainir et relancer le FRIVAO sur des bases saines, transparentes et axées sur sa mission première : la justice et la réparation pour les victimes ».
Parmi ces mesures, plusieurs actions fortes sont annoncées :
Un audit financier et organisationnel approfondi, confié à un cabinet international indépendant, pour établir l’étendue des détournements, identifier les responsables et vérifier l’intégrité de la base de données.
La mise en place d’une équipe de gestion intérimaire indépendante, composée de représentants de la société civile, du gouvernement (Justice et Finances), des associations de victimes et d’experts en gestion de projets, afin d’assurer la transition et renforcer la gouvernance.
La réforme du dispositif financier, incluant un système de paiement direct et traçable aux victimes via virements bancaires ou services de mobile money, et la publication trimestrielle en ligne des budgets, dépenses et listes anonymisées des bénéficiaires.
Pour le gouvernement, cette réforme dépasse la simple question administrative. « Le redressement de la FRIVAO n’est pas seulement une question technique, c’est un impératif moral et une condition essentielle pour la cohésion nationale et la crédibilité des Institutions », souligne le compte-rendu de la 67ᵉ réunion du Conseil des ministres. La mise en œuvre de ces décisions devra, selon les autorités, démontrer « la volonté inébranlable de l’État de corriger les erreurs, de sanctionner les fautes et, enfin, de rendre justice aux véritables victimes qui ont tant souffert ».
Jonas TSHIPADI




