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RDC : le ministère public requiert la peine de mort contre l’ancien président Joseph Kabila

La Haute Cour militaire de Kinshasa a requis la peine de mort contre l’ancien président congolais Joseph Kabila, jugé par contumace pour complicité avec le groupe armé M23. Le ministère public l’accuse de crimes de guerre, trahison et tentative de coup d’État, tandis que ses partisans dénoncent un procès politique.

L’ancien chef de l’État congolais, Joseph Kabila, est au cœur d’un procès retentissant à Kinshasa. Jugé par contumace pour complicité avec le mouvement rebelle M23, il encourt désormais la peine capitale. Le parquet militaire estime que sa responsabilité est engagée dans les violences meurtrières qui dévastent l’est du pays.

Un procès inédit devant la Haute Cour militaire

Le procès s’est ouvert le 25 juillet 2025 devant la plus haute juridiction militaire congolaise. Vendredi 22 août, le général Lucien René Likulia, représentant du ministère public, a requis contre l’ancien président la peine de mort pour crimes de guerre, trahison et organisation d’un mouvement insurrectionnel. À ces charges s’ajoutent une peine de 20 ans de prison pour apologie de crimes de guerre et 15 ans pour complot.

Bien que la peine de mort ait été rétablie en 2024 après deux décennies de moratoire, aucune exécution n’a encore été menée dans le pays.

L’est du Congo au cœur des accusations

Selon l’accusation, Joseph Kabila aurait apporté son soutien au M23, groupe armé actif dans l’est du Congo et accusé de graves violations des droits humains. Les magistrats lient sa responsabilité aux massacres, viols et déplacements massifs de populations enregistrés dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, où l’insurrection a pris de l’ampleur depuis 2021.

Le ministère public affirme également que l’ancien président serait l’un des initiateurs de l’Alliance Fleuve Congo (AFC), une plateforme politique associée au M23.

Soupçons de tentative de coup d’État

L’accusation va plus loin, en affirmant que Joseph Kabila aurait comploté avec le Rwanda pour déstabiliser les institutions congolaises. Le parquet l’accuse d’avoir projeté de renverser par la force le président en exercice, Félix Tshisekedi. L’ancien président de la CENI, Corneille Nangaa, aujourd’hui rallié au M23, est cité parmi ses présumés alliés.

Un ancien président toujours influent

Âgé de 53 ans, Joseph Kabila, qui a dirigé la République démocratique du Congo de 2001 à 2019, vit à l’étranger depuis plus d’un an mais conserve, selon ses proches, un réseau solide dans le pays. Réputé discret, il avait fait un retour médiatique fin 2024, critiquant ouvertement la gestion de son successeur. En avril dernier, il avait même annoncé son intention de revenir par l’est du pays, largement sous contrôle du M23.

Des accusations qualifiées de persécution politique

Pour ses partisans, ce procès n’a rien de judiciaire. Ferdinand Kambere, secrétaire général adjoint du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), estime que le pouvoir en place cherche à écarter un opposant encombrant :

« Ce procès n’est qu’un écran de fumée pour masquer l’échec diplomatique et militaire du régime », a-t-il déclaré, dénonçant l’absence de conditions pour un jugement équitable.

Les victimes se constituent parties civiles

De leur côté, les provinces meurtries de l’Est — Nord-Kivu, Sud-Kivu et Ituri — se sont constituées parties civiles. Elles réclament plusieurs milliers de dollars de réparations pour les crimes attribués au M23 et à ses alliés, dont Joseph Kabila est présenté comme un acteur clé.

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