Ituri : la MONUSCO établit une base mobile à Lodha pour protéger les civils
Dans le territoire de Djugu, la MONUSCO déploie une base mobile à Lodha pour renforcer la sécurité, protéger les civils et favoriser le retour des déplacés, face aux violences persistantes des groupes armés.
Lodha, Ituri – Face à la dégradation persistante de la situation sécuritaire dans le territoire de Djugu, la Mission de l’ONU pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) a mis en place une base militaire mobile à Lodha, localité située à une centaine de kilomètres au nord de Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri.
Cette décision, prise entre le 7 et le 9 avril 2025, fait suite à l’appel pressant lancé par l’administrateur militaire de Djugu, le colonel Ruphin Mapela, préoccupé par la recrudescence des violences menées par des groupes armés, notamment la milice CODECO (Coopérative pour le Développement du Congo), tristement célèbre pour ses attaques meurtrières.
« Pour contrer efficacement les incursions des miliciens qui ciblent les populations civiles, nous avons plaidé pour l’implantation de bases mobiles dans les zones les plus touchées », a expliqué le colonel Mapela, soulignant l’urgence de mesures de protection adaptées à la mobilité des groupes armés.
Depuis l’arrivée des casques bleus à Lodha, un climat de relative accalmie s’est installé. Des patrouilles terrestres, à pied comme motorisées, sont organisées quotidiennement pour sécuriser les axes et dissuader toute attaque. Cette présence visible et continue a rassuré les habitants et contribué à la stabilisation de la zone.
« Sans l’intervention de la MONUSCO, notre sort aurait été tragique. Leur présence a sauvé des vies », confie un déplacé interne, encore ému par le souvenir des jours d’insécurité. « Nous avons enfin pu dormir sans craindre d’être attaqués en pleine nuit. »
La base mobile n’a pas seulement renforcé la sécurité, elle a aussi encouragé les déplacés à regagner progressivement leurs foyers. Selon Christom Safari Malo, président des déplacés de Lodha, entre 40 et 45 % des habitants ayant fui les violences ont déjà effectué le chemin du retour. « La présence des casques bleus est un espoir pour nous. Mais la menace persiste. Nous demandons que cette base reste opérationnelle aussi longtemps que nécessaire. »
Le territoire de Djugu demeure en proie à une insécurité chronique, alimentée par l’activisme de plusieurs groupes armés, notamment la CODECO, qui revendique la défense des intérêts de la communauté Lendu, et la milice Zaïre, formée en réaction à la première, sous prétexte de protéger la communauté Hema. Ces rivalités interethniques exacerbent la violence et rendent complexe toute initiative de paix durable.
L’installation de bases mobiles par la MONUSCO, bien que temporaire, s’inscrit dans une stratégie plus large de protection des civils et de soutien aux autorités locales. Si les résultats à Lodha sont encourageants, ils rappellent également l’ampleur du défi sécuritaire auquel la province de l’Ituri continue de faire face. Pour les populations, la paix demeure encore fragile, mais l’espoir renaît peu à peu.
