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Japon : la hausse silencieuse des décès solitaires inquiète les autorités

Au Japon, un phénomène social préoccupant continue de gagner du terrain. Il s’agit des décès solitaires à domicile, connus sous le terme kodokushi. Cette réalité touche des dizaines de milliers de personnes chaque année et soulève de sérieuses questions sur l’isolement social dans une société vieillissante.

En 2024, plus de 76 000 personnes vivant seules ont été retrouvées mortes chez elles sans assistance immédiate. Dans la majorité des cas, personne n’avait remarqué leur disparition. Les autorités ont souvent découvert ces décès tardivement, parfois après plusieurs jours, voire plusieurs semaines.

Selon les données officielles, près des trois quarts des victimes avaient 65 ans ou plus. Cette tendance reflète le vieillissement accéléré de la population japonaise, combiné à la diminution des liens familiaux traditionnels. De plus en plus de personnes âgées vivent seules, sans contacts réguliers avec leurs proches ou leur voisinage.

Dans certains cas, ce sont des indices indirects qui ont alerté les autorités. Le non-paiement automatique du loyer, l’accumulation du courrier ou encore des signalements de voisins ont mené à des découvertes tardives. Cette situation illustre les limites des mécanismes sociaux actuels pour détecter la détresse ou la disparition de personnes isolées.

Face à cette réalité, plusieurs municipalités japonaises tentent de renforcer les dispositifs de prévention. Des programmes de visites communautaires, des systèmes de surveillance volontaire et des initiatives de soutien aux aînés ont vu le jour. Toutefois, ces mesures peinent encore à enrayer la progression du phénomène.

Au-delà des chiffres, le kodokushi met en lumière un enjeu plus large. Il rappelle les conséquences humaines de l’isolement social dans les sociétés modernes. Bien que ce phénomène soit particulièrement visible au Japon, il concerne aussi d’autres pays confrontés au vieillissement de leur population et à l’individualisation des modes de vie.

Ainsi, ces décès solitaires ne constituent pas seulement un problème statistique. Ils posent une question fondamentale sur la place accordée à la solidarité et à l’attention portée aux personnes vulnérables dans les sociétés contemporaines.

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