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Nord-Kivu : une urgence humanitaire aggravée par les combats entre le M23 et les groupes d’autodéfense à Bwito

Bwito, Nord-Kivu – Depuis plusieurs semaines, une nouvelle flambée de violence secoue la chefferie de Bwito, dans le territoire de Rutshuru, exacerbant une crise humanitaire déjà préoccupante dans l’est de la République démocratique du Congo. Les affrontements armés entre les rebelles du M23 et des groupes d’autodéfense locaux, regroupés sous la bannière des Wazalendo, provoquent des déplacements massifs de populations et mettent à rude épreuve les capacités d’accueil humanitaire.

D’après les informations recueillies sur le terrain, environ 50 000 personnes ont fui leurs habitations pour trouver refuge dans le groupement de Bambo. Là, elles s’entassent dans des conditions de vie extrêmement précaires, souvent hébergées dans des écoles ou des églises transformées en abris de fortune. La majorité des déplacés sont des femmes et des enfants, exposés à des risques sanitaires croissants.

Une pression insoutenable sur les structures de santé

L’ONG Médecins Sans Frontières (MSF), présente dans la zone, tire la sonnette d’alarme. L’organisation affirme que les besoins humanitaires dépassent largement les capacités locales. Les services de santé, en particulier les unités de traitement de la malnutrition, sont saturés. Selon François Callas, chef de mission de MSF au Nord-Kivu, les équipes médicales prennent en charge chaque semaine plus de 3 700 personnes souffrant notamment de malnutrition aiguë, de paludisme, de violences sexuelles et d’autres pathologies urgentes.

« Les ressources disponibles sont insuffisantes. Les centres de santé manquent de médicaments essentiels, les taux d’occupation dépassent les seuils critiques, et la situation sécuritaire complique l’accès aux soins », a-t-il expliqué.

Une crise humanitaire sous-financée et en expansion

La réduction des financements internationaux et l’absence de coordination efficace entre les acteurs humanitaires aggravent la situation. MSF appelle à une mobilisation immédiate des autorités congolaises, des partenaires internationaux et des bailleurs de fonds pour éviter une détérioration plus grave de la situation.

Sur le plan sécuritaire, les combats persistent entre le M23 – dont le soutien présumé par le Rwanda est régulièrement dénoncé – et les groupes d’autodéfense Wazalendo. Les zones de Tongo, Kihondo et Nyanzale figurent parmi les foyers de tensions les plus actifs. Ces affrontements auraient déjà provoqué plus de 80 000 déplacements depuis le début des hostilités.

Vers une aggravation du conflit ?

Alors que les violences continuent, les perspectives d’un retour rapide au calme semblent incertaines. Les populations civiles, prises en étau entre les différentes forces en présence, restent les principales victimes de ce conflit qui s’enlise. Les acteurs humanitaires, de leur côté, peinent à répondre à l’ampleur de la crise sans un appui renforcé de la communauté internationale.

La situation à Bwito illustre une fois de plus la complexité du conflit à l’est de la RDC, où les enjeux sécuritaires, humanitaires et politiques s’entrelacent, au détriment des populations les plus vulnérables.

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