Nigeria : le dernier adieu à Muhammadu Buhari, figure emblématique du Nord
L'ancien président nigérian Muhammadu Buhari, décédé à 82 ans à Londres, a été inhumé dans son village natal de Daura. Figure respectée pour son intégrité, il avait dirigé le Nigeria en tant que militaire puis président élu. Son style de vie modeste et son surnom "Mais Gaskiya" témoignent de l'image d'un homme droit et fidèle à ses principes.

Daura, Nigeria – 16 juillet 2025 — Le Nigeria a rendu ce mardi un hommage solennel à l’un de ses dirigeants les plus marquants. Muhammadu Buhari, ancien chef de l’État, s’est éteint à l’âge de 82 ans dans une clinique londonienne. Son corps a été rapatrié au pays pour être inhumé à Daura, sa ville natale, située dans l’État de Katsina, au nord du pays.
L’arrivée de la dépouille à Abuja a été accueillie par le vice-président Kashim Shettima, qui a accompagné le cercueil jusqu’à sa destination finale. Dans une atmosphère empreinte de recueillement, l’ancien président a été enterré dans l’intimité de sa résidence privée, conformément à sa volonté.

Connu sous le surnom de « Mais Gaskiya », expression haoussa signifiant « l’homme de vérité », Muhammadu Buhari était considéré comme un symbole d’intégrité dans une région marquée par les défis politiques et sociaux. Respecté tant par ses partisans que par ses opposants, il a laissé une empreinte durable sur l’histoire du pays.
Figure militaire avant d’être homme politique, il a dirigé le Nigeria à deux reprises : d’abord en tant que chef de l’État suite à un coup d’État militaire entre 1983 et 1985, puis en tant que président démocratiquement élu de 2015 à 2023. Son retour au pouvoir, trois décennies après son premier passage, fut perçu comme une tentative de redressement moral dans un contexte de lutte contre la corruption et d’instabilité sécuritaire.
Malgré son rang, Buhari a toujours affiché une sobriété inhabituelle dans les hautes sphères du pouvoir. Il menait une vie simple, loin du faste souvent associé aux élites politiques. Son patrimoine, relativement modeste, comprenait trois résidences : sa maison familiale à Daura et deux autres à Kaduna, dont l’une était mise en location pour subvenir à ses besoins personnels.
Avec sa disparition, le Nigeria perd une figure austère mais respectée, dont la rigueur morale et la discrétion ont marqué plusieurs générations. Si son bilan politique reste sujet à débat, l’homme, lui, laisse l’image d’un dirigeant qui, dans un environnement souvent miné par les excès, a su rester fidèle à certaines valeurs de probité et de retenue.

La nation lui dit adieu, mais son nom restera gravé dans la mémoire collective comme celui d’un homme d’État ayant incarné, à sa manière, une certaine idée du service public.
Henry Fiti