
Le Nord-Kivu traverse une nouvelle fois une crise humanitaire d’ampleur. Selon les dernières données du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), près de 980 000 personnes ont été contraintes de fuir leurs foyers depuis le début de l’année 2025, portant à plus de 1,4 million le nombre total de déplacés internes dans cette province de l’Est de la République démocratique du Congo.
Les statistiques montrent que les femmes représentent 51 % de cette population, confirmant la forte vulnérabilité des ménages face aux violences et aux attaques récurrentes.
L’OCHA souligne que, au cours des trois derniers mois, 100 % des déplacements ont été provoqués par des attaques et affrontements armés, alors que les catastrophes naturelles et les conflits fonciers intercommunautaires n’ont pratiquement pas contribué à cette vague de mouvements.
Les territoires les plus touchés sont Beni, qui a enregistré 102 000 déplacés (37 %), Rutshuru avec 96 000 déplacés (35 %) et 82 000 personnes retournées (75 % des retours), ainsi que Masisi, avec 57 000 déplacés (21 %) et 19 000 retours (18 %).D’autres zones comme Lubero (18 000), Butembo (7 000) et Walikale (4 000) sont également concernées, mais dans des proportions moindres.
La grande majorité des déplacés, soit 99 % (273 600 personnes), trouvent refuge auprès de familles d’accueil. Seuls 1 % (3 700 personnes) vivent dans des sites ou centres collectifs officiellement gérés par la Commission nationale pour les réfugiés (CNR), la DIVAS, le HCR et l’OIM.
Ces chiffres sont le fruit d’un travail collaboratif impliquant divers acteurs humanitaires. Les données proviennent des comptages effectués dans les sites de déplacés ainsi que des estimations issues des familles d’accueil, à travers enquêtes, discussions communautaires, évaluations multisectorielles des besoins et la Displacement Tracking Matrix (DTM). Elles sont validées par les Commissions Mouvements de Population (CMP) au niveau provincial.
Alors que les violences persistent, le Nord-Kivu demeure l’épicentre de la crise humanitaire en RDC.
La forte dépendance aux familles d’accueil témoigne d’une résilience remarquable des communautés locales, mais accentue aussi la pression sur des ménages déjà fragilisés par l’instabilité et la pauvreté chronique.
Jonas TSHIPADI