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Plainte pour pillage des mines katangaises : la justice belge enquête sur le clan Tshisekedi

Le parquet fédéral belge a exigé l’accès à l’historique complet des comptes bancaires de la première dame, Denise Nyakeru, ainsi que ceux des enfants et des frères du chef de l’État, rapporte le média Africa Intelligence.

La plainte, déposée le 8 juillet dernier, émane des avocats Bernard et Brieuc Maingain, mandatés par plusieurs ONG katangaises et quatre anciens dirigeants de la Gécamines. Elle vise neuf membres du « clan Tshisekedi » tous de nationalité belge et les accuse de « prédation » et de « pillage » des mines du Haut-Katanga et du Lualaba.

Les plaignants dénoncent des actes « de corruption, de détournement et de blanchiment » réalisés à travers la gestion opaque de plusieurs sites miniers stratégiques au sud de la RDC. La demande de consultation des relevés bancaires s’inscrit dans le volet financier de l’enquête. Les enquêteurs cherchent à identifier d’éventuels circuits de blanchiment, flux sortants ou investissements réalisés à partir de fonds suspectés de provenir de l’exploitation minière.

Selon les informations disponibles, les enquêteurs soupçonnent des mouvements financiers vers des juridictions offshore, des réinvestissements en Europe, ainsi que des opérations incompatibles avec les revenus déclarés de certains membres de la famille.

La plainte vise un réseau supposé contrôler, directement ou via des sociétés écrans, une quinzaine de sites miniers. Pour les ONG katangaises, ces activités n’auraient été possibles qu’en raison des liens familiaux étroits avec la présidence, donnant accès à des informations privilégiées ou à des concessions stratégiques. Les anciens directeurs de la Gécamines dénoncent une « mainmise » sur la sous-traitance minière, au détriment des intérêts publics.

Les membres de la famille cités dans la plainte ont rejeté les accusations. Jacques Tshisekedi, frère du chef de l’État, a dénoncé des « allégations mensongères, infondées et diffamatoires », parlant d’une « instrumentalisation politique » des ONG à l’origine du dossier.

Le Katanga reste le cœur industriel de la RDC, riche en cuivre, cobalt, lithium et germanium, des minerais dont la demande mondiale explose. Mais selon plusieurs rapports internationaux, une grande partie des revenus produits entre 2017 et 2024 évalués à près de 129 milliards de dollars n’aurait pas profité au Trésor public. Cette affaire relance le débat sur l’opacité du secteur et sur les responsabilités politiques.

La Belgique pourrait exercer sa compétence judiciaire en raison de la nationalité belge des personnes mises en cause. Les avocats des plaignants espèrent que cette enquête constitue le début d’un « front européen » contre la corruption transnationale liée aux ressources congolaises.

Jonas TSHIPADI

Jonas TSHIPADI

Journaliste, reporter chez NUMERICO.CD (média dédié tech et numérique), rédacteur chez congonet24.com, analyste de l'Africa Radio de Paris, et Freelance, résidant à Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo. Contact : +243900651686 Email : jonascipadi1@gmail.com

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