Ce mercredi 13 août 2025, la Cour de cassation de Kinshasa a poursuivi l’examen du dossier judiciaire impliquant l’ancien ministre de la Justice, Constant Mutamba, poursuivi pour détournement présumé de 19 millions de dollars américains destinés à la construction d’une prison à Kisangani.
Lors de cette cinquième journée d’audience, le dernier renseignant cité par le ministère public a été entendu: un délégué de la RAWBANK, institution bancaire où la société Zion Construct avait ouvert un compte pour exécuter le marché public. Ce témoin a confirmé que le compte courant de Zion Construct avait bien reçu les 19 millions USD en provenance du ministère de la Justice. Il a précisé que ce compte, désormais saisi par la justice, avait subi des fluctuations dues aux frais bancaires.
Des précisions ont été apportées sur la distinction entre comptes courants et comptes séquestres, éléments centraux dans la traçabilité des fonds. Ces révélations interviennent alors que le parquet soutient que des mouvements financiers irréguliers ont été observés, contredisant les affirmations de Mutamba selon lesquelles les fonds seraient toujours bloqués.
À l’issue de cette audition, la Cour a entamé la phase des plaidoiries, avec les réquisitions du ministère public. Ce dernier accuse Mutamba d’avoir attribué le marché à Zion Construct par procédure de gré à gré, sans appel d’offres, en violation des règles de transparence. Des témoignages antérieurs ont mis en lumière des pressions exercées sur des hauts fonctionnaires, notamment sur la directrice intérimaire de la DGCMP, Marie-Paule Mukadi, qui a dénoncé des intimidations et des irrégularités dans l’attribution du contrat.
Le procès, marqué par la récusation de deux juges pour partialité présumée, pourrait connaître son épilogue dans les prochains jours, alors que les débats se cristallisent autour de la légalité du contrat, la traçabilité des fonds et les responsabilités politiques et administratives dans ce projet controversé.
Christian Matondo
