
Au troisième jour du procès de l’ex-chef de guerre congolais Roger Lumbala, la Cour d’assises de Paris a entendu mercredi Luc Henkinbrant, ancien officier des droits de l’homme et initiateur de l’enquête du rapport Mapping, publié par les Nations unies en 2010. Ce document majeur répertorie les violations graves des droits humains commises en République démocratique du Congo entre 1993 et 2003, une investigation lancée après la découverte d’un charnier dans l’est du pays en 2005.
Invité en tant que témoin expert, Henkinbrant a détaillé les conclusions du rapport. Le président du tribunal a lu plusieurs extraits du Mapping, confirmés point par point par l’ancien officier, qui a assuré que les éléments cités figuraient bien dans la version officielle du document.
Mais au fil des auditions, Henkinbrant a révélé une lacune majeure : la Cour d’assises n’aurait pas reçu les annexes du rapport, un volet essentiel contenant les noms des auteurs présumés des crimes contre l’humanité documentés sur la période.
Selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, ces annexes peuvent pourtant être transmises si la justice française en fait la demande formelle.
Pour Luc Henkinbrant, l’absence de ces informations dans la procédure est grave. « C’est un véritable scandale que cette base de données, qui contient les noms des auteurs présumés des crimes, n’ait pas été communiquée, même ici, devant cette Cour. Beaucoup des auteurs qui s’y trouvent sont des personnalités de haut niveau, pouvant être au pouvoir politique et militaire en RDC, mais aussi dans des pays voisins comme l’Ouganda et surtout le Rwanda, qui profite et utilise ces mouvements rebelles congolais. », a-t-il dénoncé.
Roger Lumbala, interpellé en décembre 2020, mis en examen début janvier 2021 puis inculpé en 2023, est jugé depuis le 12 novembre 2025. L’ancien dirigeant du RCD-N est accusé de complicité de crimes contre l’humanité et d’association de malfaiteurs en vue de préparer un crime contre l’humanité pour des faits commis en 2002 dans l’est de la RDC. Depuis l’ouverture du procès, il refuse de comparaître devant la Cour.
Jonas TSHIPADI




