AfriqueCulture & DivertissementInsolitesKinshasaProvinceRDCVideos

RDC : Quand les tenues de la PNC deviennent accessoires TikTok

Des jeunes Congolais sur TikTok utilisent de vraies tenues de la Police Nationale Congolaise dans leurs vidéos humoristiques, soulevant des inquiétudes sur l’origine de ces uniformes et la complicité possible de certains agents. Une dérive qui interroge sur le respect des institutions et appelle à une réaction urgente des autorités.

Kinshasa, avril 2025 – Par notre rédaction

Depuis plusieurs mois, un phénomène curieux et préoccupant prend de l’ampleur sur les réseaux sociaux, en particulier sur TikTok, des jeunes Congolais s’y affichent vêtus des tenues officielles de la Police Nationale Congolaise (PNC) pour tourner des vidéos humoristiques, des sketchs ou des mini-films. Derrière cette tendance virale, une question s’impose, comment ces jeunes parviennent-ils à se procurer ces tenues réglementaires, censées être exclusivement réservées aux agents de l’ordre ?

Sur TikTok, il n’est pas rare de voir des jeunes arborer la chemise bleue, les insignes, les casquettes, voire même les bottes propres à la PNC. Dans un pays où l’uniforme symbolise l’autorité publique, cette banalisation inquiète. Loin d’être anodine, cette pratique pose un réel problème d’éthique, de sécurité et de respect des institutions.

Uniforme officiel ou accessoire de spectacle ?

Dans plusieurs de ces vidéos, les jeunes imitent maladroitement des scènes d’arrestation ou tournent en dérision le comportement de certains policiers. Si l’intention humoristique peut être comprise dans une logique de divertissement, l’usage d’uniformes officiels sort clairement du cadre légal. L’article 146 du Code pénal congolais punit toute usurpation de titre ou de fonction, et il est strictement interdit à un civil de porter une tenue réservée aux forces de l’ordre sans autorisation.

Faut-il dès lors s’interroger sur une complicité interne ? Un policier serait-il en train de louer ou céder sa tenue à des civils contre rémunération ou pour des « collaborations artistiques » ? Si tel est le cas, il s’agirait non seulement d’un manquement grave à la déontologie policière, mais aussi d’une infraction susceptible de nuire à la crédibilité de la PNC elle-même.

Un phénomène symptomatique d’une banalisation de l’uniforme

Ce relâchement dans la gestion de l’image des corps habillés traduit un déficit de contrôle et un affaiblissement de l’autorité symbolique de l’État. Porter un uniforme, c’est incarner la République. Lorsque celui-ci devient un déguisement pour des vidéos de quelques secondes, c’est toute une institution qui est tournée en dérision.

Dans un contexte où la confiance entre la population et les forces de sécurité reste fragile, ces pratiques risquent de renforcer la méfiance et de décrédibiliser davantage un secteur déjà souvent critiqué pour ses abus.

Un appel à la vigilance des autorités compétentes

Il est donc urgent que le commandement de la Police Nationale Congolaise ouvre une enquête pour identifier l’origine de cette fuite vestimentaire. Une traçabilité stricte des uniformes doit être mise en place, accompagnée de sanctions exemplaires contre tout agent qui s’en rendrait coupable.

De plus, une campagne de sensibilisation sur le respect des symboles de l’État dans l’espace numérique s’impose. L’usage des réseaux sociaux ne peut pas se faire au détriment de l’éthique, de la loi, et du respect des institutions républicaines.

L’humour est certes une expression légitime de la liberté d’expression. Mais quand il se fait au prix de la confusion entre civils et autorités, il devient un danger pour l’ordre public.

Henry Fiti

Journaliste et développeur congolais, fondateur de Congonet 24. Passionné par l’information et la technologie, je m’engage à offrir une actualité fiable et accessible.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page