
Depuis plusieurs jours, la ville de Bukavu, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), fait face à une raréfaction sans précédent des produits pétroliers. Cette crise énergétique bouleverse la vie quotidienne des habitants et provoque une flambée des prix dans le secteur du transport urbain.
Stations-service à sec et files interminables
Le carburant est devenu une ressource difficile à obtenir. Les stations-service encore ouvertes fonctionnent au ralenti et distribuent leurs stocks avec prudence. Chaque matin, des files de véhicules et de motos s’allongent devant les points d’approvisionnement, sans garantie que chacun puisse être servi. Cette incertitude pousse de nombreux conducteurs à se tourner vers le marché parallèle, où les prix varient fortement selon les quartiers.
Des prix officiels dépassés par le marché noir
Fixé à 3 200 francs congolais (environ 1,1 USD) il y a encore quelques semaines, le litre d’essence avait été officiellement réajusté en août à 3 600 FC (1,2 USD). Mais la réalité du terrain est tout autre : sur le marché noir, le litre se vend aujourd’hui entre 4 000 et 4 800 FC (jusqu’à 1,7 USD). Cette inflation touche directement les usagers des transports en commun. Une simple course à moto, autrefois facturée à 2 000 FC, se négocie désormais entre 2 500 et 3 000 FC, un coût difficilement supportable pour de nombreuses familles.
Un contexte économique et sécuritaire fragile
Pour les autorités locales, cette crise ne résulte pas uniquement de la hausse mondiale des prix du pétrole. Elles l’expliquent aussi par la conjoncture régionale marquée par la récente occupation des villes de Goma et Bukavu par la rébellion du M23/AFC. Les violences survenues entre janvier et février 2025 ont entraîné la fermeture de plusieurs banques et le pillage d’infrastructures, paralysant une partie de l’activité économique. Certains opérateurs pétroliers ont été contraints de suspendre leurs activités, aggravant les difficultés d’approvisionnement.
Des habitants pris en étau
Dans ce climat d’incertitude, les habitants de Bukavu se retrouvent doublement pénalisés : d’une part par la rareté du carburant, et d’autre part par l’augmentation du coût de la vie qu’elle engendre. Commerçants, transporteurs et simples ménages tentent de s’adapter, mais la tension reste vive. Sans mesures rapides pour stabiliser l’approvisionnement, la crise pourrait durablement perturber l’économie locale et accentuer le mécontentement de la population.