
Ituri, Plus d’un millier de soldats ougandais ont récemment été envoyés en renfort dans la province de l’Ituri, notamment à Bunia ainsi que dans les territoires de Mahagi et Djugu. Ce renforcement militaire s’est opéré en dehors de tout cadre formel validé par Kinshasa, et en marge du mandat de l’opération conjointe « Shujaa », censée encadrer la coopération sécuritaire entre la République démocratique du Congo (RDC) et l’Ouganda. L’information émane d’un rapport confidentiel rédigé par des experts des Nations unies.
À la tête de cette nouvelle opération figure le général de division Felix Busizoori, commandant de la 4ᵉ division d’infanterie de l’armée ougandaise (UPDF). Officiellement, Kampala justifie cette initiative par la nécessité de neutraliser les milices armées, notamment le groupe Codeco, actif et violent dans la région. Cependant, les observateurs internationaux estiment que cette explication masque des visées bien plus larges.
Selon ces experts, les motivations ougandaises ne seraient pas uniquement d’ordre sécuritaire. Elles incluraient également la protection d’intérêts économiques majeurs dans la région : exploitation aurifère, contrôle du commerce minier transfrontalier, investissements pétroliers et gaziers autour du lac Albert, sans oublier les perspectives d’infrastructures régionales et les contrats jugés particulièrement lucratifs.
La présence non concertée des troupes ougandaises a rapidement suscité des réactions négatives. À Bunia, la population locale, les autorités provinciales ainsi que des éléments des Forces armées congolaises (FARDC) ont exprimé leur inquiétude. La communauté Lendu, particulièrement concernée par les violences récurrentes, a perçu ce renforcement comme une provocation, voire une menace directe à la souveraineté nationale.

Face à la montée des tensions et pour éviter une confrontation avec une seconde armée étrangère sur le sol congolais — alors que la région est déjà marquée par la présence du contingent de l’EAC — le président Félix Tshisekedi aurait finalement donné son feu vert au déploiement, dans une logique d’apaisement et de compromis diplomatique.
Dans la foulée, des patrouilles conjointes entre les FARDC et les UPDF ont été organisées dès mars 2025 dans plusieurs zones sensibles. Cette coordination sécuritaire s’est institutionnalisée le 20 juin dernier, avec la signature d’un nouvel accord entre Kampala et Kinshasa, entérinant la poursuite de l’opération militaire conjointe.