
Kinshasa, RDC – Dans les grandes agglomérations congolaises, en particulier à Kinshasa, les conducteurs de motos, couramment appelés « motards », entretiennent des rapports parfois tendus avec les agents de transport. Ces derniers sont souvent accusés de tracasseries, alors qu’en réalité, leur rôle s’inscrit dans le cadre d’une mission réglementaire. Mais où se situe la vérité ? Tentative de clarification.
Contrairement aux idées reçues, les agents de transport ne sont ni des policiers ni des éléments incontrôlés de la rue. Il s’agit d’agents mandatés par les autorités urbaines, notamment les mairies, pour veiller au respect des normes de transport dans la ville. Leur mission est d’encadrer le secteur, de s’assurer que chaque conducteur de moto est en règle avec les exigences de l’État : permis de conduire, autorisation de transport, immatriculation, carte rose, port du casque, etc.
Les motards sont également soumis à une taxe journalière de 500 FC, perçue par les régies financières locales. Il ne s’agit pas d’un montant exigé arbitrairement par les agents, mais d’une contribution officielle au fonctionnement du secteur. En revanche, lorsque des engins sont saisis pour non-conformité ou absence de documents, les agents peuvent imposer des amendes, dont les montants varient selon la gravité de l’infraction constatée.
Le malaise naît souvent du manque d’information ou de sensibilisation. De nombreux motards ignorent encore les documents requis pour exercer leur activité de manière légale. Ainsi, lors des contrôles, plusieurs préfèrent verser des sommes aux agents pour éviter la saisie, plutôt que de procéder aux démarches administratives officielles. Cette pratique alimente la perception de tracasseries, même lorsque les agents agissent dans le cadre de la loi.
D’un autre côté, certains motards dénoncent un zèle excessif de certains agents, qui, selon eux, cherchent plus à sanctionner qu’à encadrer. Il arrive aussi que certains agents peu scrupuleux exploitent la méconnaissance des textes pour imposer des amendes injustifiées, renforçant ainsi les tensions sur le terrain.
Face à cette situation, plusieurs observateurs estiment que l’État devrait intensifier ses efforts pour structurer le secteur des motos-taxis, encore largement informel. Une meilleure formation des agents, une campagne de sensibilisation auprès des motards, et la mise en place d’un cadre clair et transparent de régulation pourraient contribuer à apaiser les tensions et rétablir une collaboration plus sereine.
En définitive, les relations entre les motards et les agents de transport reflètent un défi plus large : celui de la formalisation d’un secteur en pleine croissance, indispensable à la mobilité urbaine, mais encore en quête de légitimité et de stabilité réglementaire.
Henry Fiti