
À l’occasion du 15ᵉ anniversaire de la publication du Rapport Mapping de l’ONU, le Dr Denis Mukwege a lancé, ce mercredi 1ᵉʳ octobre 2025, un appel pressant à la justice. Le prix Nobel de la paix 2018 déplore l’absence de poursuites contre les auteurs de crimes graves documentés en République démocratique du Congo (RDC) et accuse les autorités comme la communauté internationale de perpétuer un système d’impunité.
« Nous ne pouvons plus accepter que les responsables des crimes les plus graves soient récompensés par des amnisties, des promotions ou une intégration dans les forces de sécurité. Le climat d’impunité a alimenté les agressions récidivistes et la répétition des atrocités de masse, à l’instar de la résurgence du M23 dirigé et contrôlé par l’armée rwandaise », a déclaré le gynécologue congolais.
Mukwege a pointé du doigt la politique de réintégration des chefs de guerre dans les institutions et les forces de sécurité, qu’il considère comme un des moteurs de la spirale de violence. Selon lui, les recommandations du Rapport Mapping, publié en 2010 et qui recense plus de 600 violations graves des droits humains commises entre 1993 et 2003, sont restées lettre morte.
« Après plus de 25 ans de processus d’initiation de maintien de la paix en RDC, l’objectif sécuritaire et militaire n’a pas donné les résultats escomptés… Nous déplorons l’absence de réactions fortes de la communauté internationale et le système de double standard qui sape sa crédibilité face aux injustices », a-t-il ajouté.
Pour le médecin et militant des droits humains, seule une justice impartiale peut briser ce cycle. « Seule une justice indépendante et impartiale est habilitée à établir les chaînes de responsabilités… Ces faits sont documentés. »
Malgré la gravité des crimes répertoriés par le Rapport Mapping, aucune suite judiciaire significative n’a été engagée en quinze ans. Un silence qui, selon Mukwege, entretient la violence et trahit les victimes.
Jonas TSHIPADI
 
				



