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RDC – Gouvernement Suminwa II : un équilibre fragile entre renouveau et stabilité

Le remaniement gouvernemental annoncé dans la nuit du 7 au 8 août 2025 par le président Félix Tshisekedi et la Première ministre Judith Suminwa Tuluka n’a pas déçu par sa densité, mais il interroge par sa portée. Avec 53 membres, contre 55 précédemment, le gouvernement Suminwa II se veut « resserré » et « ouvert », selon les promesses présidentielles. Mais à y regarder de plus près, cette ouverture reste timide, et la continuité domine.

Des visages connus, des portefeuilles stratégiques conservés

La reconduction de figures comme Jean-Pierre Bemba (Transports), Guy Kabombo (Défense), Doudou Fwamba (Finances), ou Patrick Muyaya (Communication) témoigne d’une volonté de stabilité dans les secteurs sensibles. Le maintien de Judith Suminwa à la Primature confirme la confiance présidentielle en sa gestion, malgré les critiques sur le rythme des réformes.

Des entrées symboliques, mais limitées

Le retour d’ Adolphe Muzito au Budget, après treize ans d’absence, est sans doute l’annonce la plus marquante. Ancien Premier ministre sous Kabila, il incarne une forme de réconciliation politique, mais aussi un pari sur l’expertise économique dans un contexte budgétaire tendu⁽¹⁾.

Autre figure notable: Guillaume Ngefa, militant des droits humains et ancien cadre de l’ONU, nommé à la Justice. Sa présence est un signal fort en faveur de l’État de droit, mais elle soulève aussi des attentes immenses dans un pays miné par l’impunité.

L’entrée de Floribert Anzuluni, ancien activiste du mouvement Filimbi, au ministère de l’Intégration régionale, illustre une ouverture vers la société civile, bien que marginale dans l’ensemble de la composition.

Un gouvernement sous pression

Ce gouvernement est attendu sur plusieurs fronts:

  • Sécurité dans l’Est, où les tensions persistent.
  • Relance économique, dans un contexte de dette et de chômage élevé.
  • Réformes électorales, à l’approche des prochaines échéances.

La cohabitation entre anciens rivaux politiques, technocrates et figures citoyennes sera un test de maturité démocratique. L’équilibre est précaire, et les ambitions personnelles pourraient vite éclipser les objectifs collectifs.

Le gouvernement Suminwa II n’est ni révolutionnaire ni conservateur. Il est prudent, calculé, et stratégiquement équilibré. Mais la RDC ne peut plus se contenter de prudence. Les défis sont urgents, les attentes populaires immenses, et la patience limitée.

Ce gouvernement a les moyens de réussir. Reste à savoir s’il en aura la volonté.

Christian Matondo

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