RDC – Ituri : la flambée du prix du carburant plonge les habitants dans la crise
En Ituri, le prix du carburant s’envole : le litre d’essence est passé de 3 500 à plus de 23 000 FC à cause des combats entre l’armée et le CRP. Cette flambée paralyse les transports, fait grimper les prix des services de base et accentue la crise socio-économique dans la région.

Dans le Nord-Est de la République démocratique du Congo, la province de l’Ituri traverse une grave crise énergétique et économique. En territoire de Djugu, plusieurs localités font face à une hausse spectaculaire du prix du carburant, conséquence directe des affrontements en cours entre les forces armées congolaises et les miliciens du CRP, dirigés par Thomas Lubanga.
Une hausse sans précédent
À Mabanga, Kobu et Mungwalu, zones commerçantes connues pour leurs gisements miniers, l’approvisionnement en carburant est devenu quasi impossible. Les routes principales reliant ces localités à Bunia, la capitale provinciale, sont coupées à cause des combats. Résultat : le litre d’essence, qui coûtait habituellement entre 3 500 et 4 000 francs congolais, a atteint des sommets inédits. « À un moment, le prix a grimpé jusqu’à 23 000 francs congolais avant de redescendre autour de 9 000 », explique Mutukadala Innocent, responsable administratif local.
Des répercussions sociales immédiates
Cette flambée des prix ne se limite pas aux stations-service. Elle affecte l’ensemble de la vie quotidienne et économique. Les chauffeurs de motos-taxis, très sollicités dans une région où les transports publics sont rares, ont dû multiplier leurs tarifs. Une course qui se négociait à 20 000 francs congolais est aujourd’hui facturée jusqu’à 60 000. De leur côté, les petits commerçants et artisans paient également le prix fort. « Les coiffeurs, qui utilisaient des générateurs pour travailler, demandent désormais 10 000 francs pour une coupe, contre 3 000 à 4 000 auparavant », témoigne Jean Robert Basiloko, président de la société civile locale.
Une crise aggravée par l’insécurité
Depuis près de deux semaines, l’armée mène des opérations militaires contre le CRP dans les localités d’Iga Barrière et Nizi. Ces combats ont provoqué le déplacement de milliers d’habitants et paralysé la circulation sur l’axe routier reliant Bunia aux zones minières. Cette route, vitale pour le ravitaillement en carburant, demeure impraticable, accentuant la crise économique.

Un avenir incertain
Si une légère baisse des prix a été enregistrée après le pic de 23 000 francs, la situation reste fragile et imprévisible. Les habitants craignent que la persistance des violences ne prolonge la rareté du carburant et continue de fragiliser un tissu socio-économique déjà très vulnérable.
Les autorités locales et la société civile appellent à un retour rapide à la sécurité et à la réouverture des voies de communication pour éviter que la population ne sombre davantage dans la précarité.