RDC : L’Afrique du Sud renforce discrètement sa présence militaire à Lubumbashi
L'Afrique du Sud a discrètement déployé plusieurs centaines de soldats et du matériel militaire à Lubumbashi, loin des combats opposant les FARDC au M23 dans l'est de la RDC. Ce renforcement suscite des interrogations, d'autant que Pretoria reste silencieuse et que même la Commission de défense sud-africaine n'a pas été informée. Les raisons de ce déploiement restent floues, et les autorités congolaises évoquent un « secret d'État ».
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Dans une démarche passée sous silence, l’Afrique du Sud a récemment acheminé un important contingent militaire ainsi que du matériel dans la ville de Lubumbashi, située à plus de 1 700 kilomètres des combats qui font rage dans l’est de la République démocratique du Congo. Ce renfort s’ajoute aux 2 700 soldats sud-africains déjà intégrés aux forces de la Monusco et de la SAMIRDC, la mission déployée par la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).
D’après des informations relayées par l’agence Reuters, entre 700 et 800 soldats sud-africains auraient rejoint Lubumbashi la semaine dernière. Chris Hattingh, un député sud-africain, a confirmé ces chiffres, tout en soulignant le manque de communication officielle sur cette opération.
Un déploiement entouré de mystère
Ce silence intrigue, d’autant plus que la présence sud-africaine dans la SAMIRDC suscite des débats au sein même de Pretoria. En janvier dernier, l’Afrique du Sud a perdu 14 soldats lors d’affrontements à Goma contre le M23, un groupe rebelle soutenu par le Rwanda. Depuis, la gestion de ce déploiement militaire est scrutée de près par l’opposition et certains membres du Parlement. Pourtant, même la Commission de défense sud-africaine n’a pas été informée de ce récent renforcement, une opacité dénoncée par plusieurs députés.
Réactions contrastées à Kinshasa
Interrogé sur cette présence militaire, le porte-parole des FARDC, le général Sylvain Ekengé, est resté évasif : « Je ne peux ni confirmer ni infirmer une information que je ne possède pas. »
Cependant, une source sécuritaire basée à Lubumbashi a indiqué qu’environ 400 soldats sud-africains étaient sur place depuis plus de dix jours.
Une mission aux contours flous
Selon un responsable du gouvernorat du Haut-Katanga, des avions sud-africains auraient transporté du matériel militaire ainsi qu’une première équipe de soldats peu avant l’arrivée du contingent principal. Mais la finalité de cette mission demeure incertaine.
Pourquoi choisir Lubumbashi, une ville éloignée du front principal où s’affrontent les FARDC et le M23 ? Ce contingent sera-t-il redéployé vers les zones de combat dans l’est du pays ? Une source locale a esquivé la question en invoquant un « secret d’État », alimentant ainsi les spéculations sur la nature et les objectifs de cette présence militaire.
source : rfi.fr