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RDC : un déficit cumulé de 1,2 milliard USD au Trésor, les finances publiques sous pression

Au 25 septembre 2025, les comptes du Trésor public congolais affichent un déficit cumulé de 3 265,0 milliards de francs congolais, soit environ 1,2 milliard de dollars américains. En cause : des recettes internes jugées insuffisantes face à des dépenses publiques en forte progression.

Selon les données disponibles, les recettes budgétaires cumulées atteignent 18 159,2 milliards CDF, alors que les dépenses engagées s’élèvent à 21 869,2 milliards CDF. L’écart se creuse et alimente une trajectoire budgétaire préoccupante.

Les indicateurs d’exécution à fin août montrent que les recettes fiscales ne suivent pas le rythme prévu par la loi de finances rectificative : 64,8 % de l’objectif pour les impôts intérieurs, 65,2 % pour les droits de douane et seulement 46,5 % pour les recettes non fiscales. Cette mobilisation partielle fragilise la trésorerie publique.

La situation s’explique par plusieurs facteurs : une base imposable étroite, un poids important du secteur informel et des difficultés persistantes dans la collecte. Si des améliorations techniques ont été relevées du côté des régies financières, « l’effet en caisse demeure limité face à une dépense rigide », souligne un analyste.

Du côté des dépenses, les priorités sécuritaires dans l’Est du pays, les besoins humanitaires croissants et la poursuite des programmes publics absorbent une grande partie du budget. Certaines charges sont jugées incompressibles à court terme, mais d’autres postes plus discrétionnaires continuent de peser lourdement sur la trésorerie.

Face à cette tension, les experts appellent à des arbitrages clairs : « que financer, quand, et avec quelle liquidité ? ». Le ministère des Finances est invité à hiérarchiser strictement les paiements, contenir les dépenses non essentielles et sécuriser les recettes prioritaires afin d’éviter le recours excessif à l’endettement ou l’accumulation d’arriérés.

À l’approche de la fin de l’exercice, l’équation reste délicate. Pour redresser la trajectoire, plusieurs pistes sont avancées : intensifier la lutte contre la fraude à l’importation, élargir progressivement l’assiette fiscale et mettre en place une programmation budgétaire plus réaliste. L’objectif est de préserver les paiements sociaux et sécuritaires tout en soutenant l’investissement productif.

La photographie au 25 septembre illustre une réalité : « un budget n’achète pas la croissance ; il en prépare les conditions quand il sécurise la liquidité de l’État, protège l’investissement essentiel et stabilise les anticipations d’inflation et de change ».

En toile de fond, le défi demeure le même : capter davantage de recettes, séquencer les dépenses et donner de la prévisibilité aux finances publiques. À ce prix seulement, le déficit de 1,2 milliard USD pourrait être contenu et le budget retrouver son rôle premier : donner de la lisibilité à l’économie et du service au citoyen.

Jonas TSHIPADI

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