Perturbations en Birmanie et en RDC : une offre restreinte qui fait grimper les prix de l’étain
la Birmanie et la RDC fragilisent l'approvisionnement mondial

L’étain, métal stratégique pour l’industrie électronique, est actuellement au cœur d’une crise d’approvisionnement. Utilisé dans la fabrication de composants essentiels tels que les puces informatiques, les panneaux solaires ou encore les batteries, ce matériau subit une pression croissante sur le marché en raison de perturbations de production en Birmanie et en République démocratique du Congo (RDC).
Cette situation maintient les prix à des niveaux exceptionnellement élevés.Selon les données fournies par l’International Tin Association, près de 16% de l’approvisionnement mondial d’étain extrait des mines est aujourd’hui hors circuit.
La cause principale ?
Des interruptions majeures dans les deux principaux pays producteurs que sont la Birmanie et la RDC.
Conflits et restrictions : des mines paralysées
En RDC, les mines du district de Walikale, situées dans la province instable du Nord-Kivu, ont cessé leurs activités à la mi-mars.
La raison : l’avancée des forces armées du M23, un groupe rebelle actif dans la région. Or, ces exploitations minières représentaient à elles seules 6% de la production mondiale d’étain en 2024.
De son côté, la Birmanie a vu son secteur minier lourdement affecté par la décision des autorités militaires de l’État Wa de suspendre l’extraction d’étain en août 2023. Cette région, à statut semi-autonome, était un fournisseur clé, contribuant à près de 10% de l’offre mondiale.
Une reprise partielle en Birmanie, mais des prix toujours élevés
Si certaines sources annoncent une levée imminente des restrictions minières en Birmanie, l’effet sur le marché reste incertain. En effet, il faudra plusieurs mois avant que les travailleurs chinois, principaux exploitants des sites miniers locaux, obtiennent leurs nouvelles autorisations de travail.
Tant que la production ne sera pas totalement relancée, l’offre demeurera tendue.
Résultat : les cours de l’étain s’envolent. Après avoir atteint un sommet à 36 000 dollars la tonne mi-mars, le métal se maintient autour des 35 000 dollars la tonne. La faiblesse des stocks accentue cette tension : selon Reuters, les réserves d’étain à la Bourse des métaux de Londres (LME) sont à leur plus bas niveau depuis juin 2023.
La Chine, première victime de cette crisePremier importateur mondial de concentré d’étain, la Chine subit de plein fouet cette raréfaction de l’offre. En 2024, la Birmanie et la RDC assuraient plus de 60% des importations chinoises. Avec la baisse de production, le pays voit son approvisionnement en étain raffiné se réduire drastiquement.
Dans ce contexte, d’autres producteurs tentent de combler le vide. L’Indonésie, deuxième exportateur mondial, a réussi à reprendre ses expéditions en février après des délais administratifs ayant freiné ses ventes en janvier. Toutefois, ces ajustements restent insuffisants face à une demande mondiale toujours croissante.
Un marché sous tension pour les années à venir
Selon les prévisions de l’agence Fitch, la tendance ne devrait pas s’inverser à court terme. Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) estime que la demande mondiale d’étain atteindra 500 000 tonnes d’ici 2030.
Dans un contexte de transition énergétique et de numérisation croissante, les tensions sur le marché de l’étain pourraient donc s’intensifier encore davantage dans les années à venir.