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RDC : L’ex-ministre de la Justice Constant Mutamba entame une grève de la faim pour dénoncer sa condamnation

Un geste de défiance politique qui relance le débat sur la justice congolaise

Plus de quarante-huit heures après sa condamnation à trois ans de travaux forcés et cinq ans d’inéligibilité, l’ancien ministre de la Justice, Constant Mutamba Tungunga, a décidé de passer à l’action en adoptant une méthode radicale : une grève de la faim. Depuis le jeudi 4 septembre, il refuse de s’alimenter alors qu’il est détenu dans les locaux de l’Inspection provinciale de la police de Kinshasa (IPKIN).

Selon un cadre de la Nouvelle Génération pour l’Émergence du Congo (NOGEC), le parti de l’ex-ministre, ce choix « traduit l’indignation et la détermination de notre leader face à une condamnation injuste ».
Le responsable politique, alerte également sur l’état de santé fragile de Mutamba, déjà malade avant sa condamnation. « Nous demandons au Président de la République d’intervenir pour que notre leader soit placé en résidence surveillée, car il n’existe aucune mesure concrète pour exécuter des travaux forcés », insiste-t-il.

Une condamnation retentissante

Le 2 septembre dernier, la Cour de cassation a reconnu Constant Mutamba coupable de détournement de fonds publics. L’affaire remonte à la période où il occupait le ministère de la Justice, particulièrement dans le cadre du projet de construction d’une prison centrale à Kisangani, dans la province de la Tshopo. Les juges ont estimé que des sommes considérables destinées à ce chantier avaient été détournées, entraînant la lourde condamnation : trois ans de travaux forcés et cinq ans d’inéligibilité.

Cette décision judiciaire, largement médiatisée, a provoqué un choc dans le paysage politique congolais. Mutamba, connu pour ses prises de position critiques envers la gestion des affaires publiques, voit désormais son avenir politique sérieusement compromis.

Une affaire éminemment politique ?

La grève de la faim lancée par Constant Mutamba ravive le débat sur l’indépendance de la justice en République démocratique du Congo. Pour ses partisans, il s’agirait d’un procès politique visant à neutraliser une voix critique au moment où le pays traverse une période de fortes tensions sociales et institutionnelles.

De leur côté, certains analystes estiment que cette condamnation illustre la volonté des autorités de lutter contre la corruption au sein de la classe politique. « L’affaire Mutamba est un signal fort : plus personne n’est intouchable », commente un observateur politique contacté par notre rédaction.

La santé du détenu, au centre des inquiétudes

Au-delà de la dimension politique, la question de la santé de l’ancien ministre suscite de vives préoccupations. Les grèves de la faim en milieu carcéral sont rarement anodines en RDC, compte tenu des conditions de détention souvent précaires. Un membre de sa famille, qui a requis l’anonymat, affirme : « Il est diabétique et souffre déjà de problèmes gastriques. Son état risque de se détériorer rapidement. »

La situation de Constant Mutamba risque de rester au cœur de l’actualité congolaise dans les jours à venir. La pression s’accentue sur le gouvernement et sur le Président Félix Tshisekedi, appelé à se prononcer sur une éventuelle révision des conditions de détention de l’ex-ministre.

Entre la dénonciation d’un « acharnement politique » par ses proches et la mise en avant d’une justice plus ferme contre la corruption par ses détracteurs, le cas Mutamba pourrait bien devenir un test grandeur nature de l’État de droit en RDC.

Jonas TSHIPADI

Jonas TSHIPADI

Journaliste, rédacteur chez congonet24.com, Fact-checker chez fact-checking.congonet24.com, producer à PRIMINFO TV et analyste de l'Africa Radio de Paris, résidant à Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo. Contact : +243900651686 Email : jonascipadi1@gmail.com

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