RDC : Violents affrontements entre factions Wazalendo à Butembo
Deux groupes armés issus de la milice progouvernementale Wazalendo se sont violemment affrontés à Butembo, au Nord-Kivu, causant plusieurs morts. Ce conflit interne survient alors que l’armée congolaise fait face à l’avancée du M23 et que la situation sécuritaire dans la région continue de se détériorer.

La ville de Butembo, située dans la province du Nord-Kivu, a été secouée par de violents affrontements armés dans la nuit du lundi 3 au mardi 4 mars. Deux factions de la milice progouvernementale Wazalendo se sont affrontées dans l’ouest de la ville, entraînant un climat de tension extrême parmi la population locale. Selon la société civile, au moins neuf combattants ont perdu la vie, tandis que l’armée évoque un bilan plus restreint de six morts.
Une bataille fratricide au sein des Wazalendo
Les combats ont éclaté dans l’après-midi du 3 mars avant de reprendre avec une intensité accrue durant la nuit, notamment sur les collines de la commune de Kimemi, en périphérie de Butembo. La raison exacte de cette confrontation entre deux groupes appartenant pourtant au même camp demeure incertaine, mais les détonations d’armes automatiques et d’explosions ont semé la panique dans cette cité commerçante du Nord-Kivu, où la population redoute déjà une avancée du groupe armé M23.
Des témoins rapportent que les affrontements étaient d’une rare intensité, avec des échanges de tirs nourris qui ont duré plusieurs heures.
« Nous avons entendu des tirs sans interruption, cela ressemblait à un véritable champ de bataille. Beaucoup de gens ont fui leurs maisons par peur d’être pris entre deux feux », témoigne un habitant du quartier voisin.
L’armée congolaise réagit
Face à cette situation préoccupante, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont exprimé leur désapprobation face à ces violences internes au sein des Wazalendo.
« C’est une honte. S’ils se disent patriotes, ils devraient se ranger derrière nous et non s’entretuer », a déclaré le porte-parole local de l’armée congolaise dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.
Il a également confirmé un bilan provisoire de six morts parmi les miliciens.
Cette division au sein des Wazalendo soulève des interrogations sur la cohésion et la discipline de ces milices, qui se veulent progouvernementales mais semblent parfois agir de manière autonome, voire désorganisée.
Un contexte sécuritaire de plus en plus préoccupant
Ces affrontements internes interviennent à un moment critique, alors que l’armée congolaise est déjà en difficulté face à l’avancée du M23, un groupe rebelle soutenu par le Rwanda. Ces dernières semaines, le M23 a réalisé une percée rapide dans la province du Nord-Kivu, se rapprochant dangereusement de Butembo, ce qui exacerbe les inquiétudes de la population.
Parallèlement, la présence militaire ougandaise s’est renforcée dans la région, notamment dans le territoire de Lubero. Les Forces de défense du peuple ougandais (UPDF), engagées aux côtés des FARDC depuis novembre 2021, poursuivent leurs patrouilles conjointes dans le but de neutraliser les ADF, un groupe armé d’origine ougandaise affilié à l’État islamique.
Une population prise en étau entre milices et groupes rebelles
Les habitants de Butembo et des environs se retrouvent une fois de plus pris en étau entre différents groupes armés. Entre les combats internes aux Wazalendo, la menace croissante du M23 et la présence des forces étrangères, l’instabilité sécuritaire ne cesse de s’aggraver, laissant les populations locales dans une incertitude permanente.
Alors que le gouvernement congolais tente de rétablir l’ordre et de renforcer ses positions face à la progression des groupes rebelles, ces nouveaux affrontements internes au sein des milices censées défendre le territoire posent la question de l’unité et de la coordination des forces progouvernementales.
Le climat sécuritaire au Nord-Kivu demeure ainsi extrêmement tendu, et l’évolution de la situation dans les prochains jours sera déterminante pour l’avenir de la région.