AfriqueEnvironnementKinshasaProvinceRDCReportagesSociété

RDC : Trois mois après les inondations à Kinshasa, des familles sinistrées vivent toujours au stade Tata Raphaël

Trois mois se sont écoulés depuis les violentes intempéries qui ont frappé Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo. Dans la nuit du 4 au 5 avril, des pluies torrentielles ont englouti plusieurs quartiers, notamment à l’est de la ville. Le drame a coûté la vie à au moins quarante personnes et causé d’importants dégâts matériels, laissant des centaines de familles sans abri.

Parmi elles, de nombreux sinistrés vivent encore dans des centres d’hébergement d’urgence, comme le stade Tata Raphaël, qui sert depuis avril de refuge provisoire. Mais pour ces familles, le provisoire s’éternise.

Un quotidien précaire et incertain

Sur les gradins et dans les couloirs de ce stade emblématique de la capitale, des dizaines de familles tentent de survivre. Anifa, une mère de famille originaire du quartier de Ndanu, raconte son calvaire. Elle a perdu un enfant lors des inondations. Aujourd’hui, avec ses quatre autres enfants, elle se retrouve dans une impasse.

« Tout est détruit, notre maison n’existe plus. On a tout perdu, y compris notre gagne-pain. On ne sait pas comment repartir, ni où aller », confie-t-elle, le regard perdu.

La situation est similaire pour d’autres habitants des quartiers durement touchés comme Salongo ou Dingi Dingi, où l’eau a parfois atteint jusqu’à 1,50 mètre de hauteur. Pire encore, certains de ces quartiers ont connu de nouvelles inondations depuis avril, renforçant les craintes de nombreux déplacés de retourner chez eux.

« Même si l’on voulait rentrer, il n’y a rien à quoi revenir. Les maisons sont devenues inhabitables et les risques persistent », déclare un autre sinistré, visiblement désabusé.

Des causes structurelles toujours présentes

Les autorités congolaises reconnaissent que certaines habitations sont implantées de manière anarchique, notamment sur les berges des rivières N’Djili et Matete. Ndanu, par exemple, est un quartier fréquemment exposé aux crues du fait de sa position géographique entre deux cours d’eau.

Mais les experts pointent surtout l’absence criante d’infrastructures adéquates, telles que les canalisations ou les réseaux de drainage, pour expliquer la gravité des dégâts. À chaque saison des pluies, les mêmes scènes se répètent : des routes inondées, des maisons effondrées, et des populations livrées à elles-mêmes.Vers une solution durable ?

Malgré les appels répétés des sinistrés et des organisations humanitaires, peu d’initiatives concrètes ont été engagées pour leur relogement durable ou pour la réhabilitation des quartiers dévastés. Le gouvernement congolais, confronté à de nombreux défis, n’a jusqu’ici proposé que des réponses d’urgence, jugées insuffisantes par les ONG.

La situation actuelle pose une question de fond : comment éviter que ces catastrophes ne deviennent cycliques ? Alors que le changement climatique accentue les phénomènes météorologiques extrêmes, Kinshasa, ville en pleine expansion démographique, reste vulnérable en l’absence de véritables politiques d’aménagement urbain et de prévention des risques.

En attendant, au stade Tata Raphaël, les jours passent et l’espoir d’un retour à la normale s’amenuise pour des dizaines de familles. Leur seule attente : une réponse à la hauteur de la tragédie qu’elles ont vécue.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page