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Quand l’autorité défie la loi : le sens interdit devenu « voie officielle » en RDC ?

En RDC, le non-respect du code de la route par les autorités choque. Un roulage tué pour avoir voulu faire respecter la loi. Enquête et indignation.

Il est de plus en plus courant, dans les rues embouteillées de Kinshasa et d’autres villes de la RDC, d’assister à un spectacle troublant : véhicules officiels, gyrophare allumé ou non, roulant à contresens, escortes klaxonnant, et policiers impuissants ou complices face à cette démonstration d’impunité.

Ce phénomène devient si fréquent qu’on en vient à se demander : la loi ne s’applique-t-elle plus à ceux qui sont censés la faire respecter ?

Des ministres, des généraux, des hauts fonctionnaires et parfois même des conseillers provinciaux n’hésitent plus à prendre le sens contraire de la route sous prétexte d’ »urgence », alors que derrière eux, les citoyens ordinaires s’entassent dans des embouteillages interminables. Pourtant, le Code de la route est clair : nul ne peut circuler à contresens, sauf en cas d’autorisation spéciale encadrée par les services de sécurité, pour mission urgente et identifiée.

Un drame qui choque : un roulage tué pour avoir voulu faire respecter la loi

Ce mépris du Code de la route a récemment franchi une ligne rouge. Un agent de la circulation (roulage) aurait perdu la vie après avoir tenté d’arrêter le cortège de la Première ministre Judith Suminwa, qui circulait à contresens.

Selon des témoignages recueillis, le cortège est passé en infraction et a été brièvement interpellé par l’agent. Quelques heures plus tard, des éléments présumés de la garde rapprochée seraient revenus et auraient violemment agressé le roulage, le battant à mort.

Ce drame, aussi révoltant que révélateur, soulève une question cruciale : peut-on tuer un agent de l’État pour avoir fait respecter la loi ? Et dans quel pays cela peut-il rester sans suite judiciaire ?

Un ordre illégal ne se respecte pas

Dans un État de droit, même un colonel peut refuser d’obéir à un général qui ordonnerait de violer la loi. L’obéissance hiérarchique s’arrête là où commence l’illégalité manifeste. Ce principe s’applique aussi bien à l’armée qu’à la police, et à tous les niveaux de l’administration publique.

Alors, qu’en est-il d’un simple roulage qui veut arrêter un cortège ministériel ? Devrait-il fermer les yeux, ou accomplir sa mission au risque de sa vie ?

L’exemple doit venir d’en haut

L’autorité ne se mesure pas au bruit d’un gyrophare, mais à la capacité de respecter et faire respecter la loi. Chaque fois qu’un haut responsable prend le sens interdit, il ne gagne pas du temps : il perd de la légitimité, il sape l’autorité de l’État et encourage l’anarchie routière.

Aujourd’hui, un homme est mort pour avoir cru que la loi avait encore un sens. Nous ne pouvons pas, en tant que société, rester silencieux face à cette dérive.

Nous exigeons une enquête. Nous exigeons des sanctions. Et surtout, nous exigeons que justice soit rendue.

Henry Fiti

Journaliste et développeur congolais, fondateur de Congonet 24. Passionné par l’information et la technologie, je m’engage à offrir une actualité fiable et accessible.

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