Tshisekedi et Kagame : Vers une reprise du dialogue pour la paix en RDC ?
Le président congolais Félix Tshisekedi s’est déclaré prêt à poursuivre les discussions avec son homologue rwandais Paul Kagame après leur rencontre à Doha, sous médiation qatarienne. Il insiste sur un cessez-le-feu immédiat et salue les sanctions internationales contre le Rwanda, accusé de soutenir la rébellion du M23. Tout en appelant à une réforme militaire pour sécuriser le pays, il réaffirme son engagement à préserver l’unité de la RDC. Pendant ce temps, les combats se poursuivent dans l’est du pays, notamment autour de Goma et Bukavu.

La République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda pourraient-ils enfin trouver une issue pacifique à leurs tensions ? Le président congolais Félix Tshisekedi s’est dit disposé à poursuivre les discussions avec son homologue rwandais, Paul Kagame, dans l’espoir de stabiliser la région. Cette volonté a été réaffirmée après leur rencontre à Doha, au Qatar, le 18 mars, sous l’égide de l’Émir Sheikh Tamim bin Hamad Al Thani.
Un dialogue relancé sous médiation qatarienne
Dans une interview accordée au journal français Le Figaro et publiée le 19 mars, Félix Tshisekedi a décrit une réunion « constructive », facilitée par une préparation en amont menée par des émissaires qatariens. Il a rappelé avoir déjà échangé avec l’un d’eux à Munich, en février, lors d’une conférence sur la sécurité.
Cependant, le chef de l’État congolais reste catégorique : la priorité demeure un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel.
« Tant que les armes parleront, aucun processus de paix ne pourra aboutir durablement », a-t-il martelé.
Il estime que les négociations doivent s’inscrire dans une dynamique de résolution définitive du conflit qui ensanglante l’est de la RDC depuis des années.
Une pression internationale sur Kigali
Alors que la rébellion du M23, soutenue par Kigali selon Kinshasa et plusieurs rapports internationaux, continue de semer le chaos dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, Félix Tshisekedi salue les sanctions prises récemment par l’Union européenne contre des officiers rwandais et des cadres du M23. Il rappelle que ces mesures viennent s’ajouter à celles déjà adoptées par d’autres puissances occidentales, notamment les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni.
« Ces sanctions confirment clairement l’identité de l’agresseur. Il ne fait aucun doute que le Rwanda joue un rôle actif dans la déstabilisation de notre pays », a-t-il déclaré, appelant à une mobilisation accrue de la communauté internationale.
Des réformes militaires et la défense de l’intégrité territoriale
Dans son entretien, Félix Tshisekedi a également abordé la nécessité de renforcer les capacités des Forces armées de la RDC (FARDC) pour garantir la souveraineté nationale. Selon lui, une réforme en profondeur de l’armée est indispensable pour assurer une protection efficace du territoire et éviter que la RDC ne devienne la proie d’intérêts étrangers.
Le chef de l’État a par ailleurs rejeté toute idée d’une fragmentation du pays, affirmant que l’unité de la RDC reste une priorité absolue.
« Tant que je serai en vie, jamais notre pays ne sera balkanisé », a-t-il assuré, balayant les craintes d’un démembrement sous la pression des groupes armés et des ingérences extérieures.
Une situation toujours tendue sur le terrain
Pendant que les dirigeants échangent à l’international, la réalité sur le terrain demeure inquiétante. Les combats entre l’armée congolaise et le M23 s’intensifient, notamment autour de Goma et Bukavu, deux villes stratégiques que la rébellion tente de contrôler. Les populations locales continuent de subir les conséquences de cette guerre, marquée par des déplacements massifs et des violences qui ne cessent de s’aggraver.
Si les discussions entre Tshisekedi et Kagame constituent une lueur d’espoir, seule une action concertée et soutenue permettra de traduire ces intentions en actes concrets pour la paix. Reste à savoir si Kigali jouera réellement le jeu du dialogue ou si le cycle des affrontements se poursuivra.