Opération Shujaa : un partenariat militaire sous tension en RDC
L'article analyse l'opération Shujaa, une intervention militaire conjointe entre les FARDC et l'UPDF visant à neutraliser les ADF en RDC. Il explore le soutien de la société civile, les résultats des opérations, ainsi que les interrogations et défis liés à la présence de l'armée ougandaise sur le sol congolais.

Depuis le lancement de l’opération Shujaa en novembre 2021, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et l’Uganda People’s Defence Force (UPDF) mènent des offensives conjointes contre les Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe armé redouté pour ses exactions meurtrières.
Si cette coopération militaire bénéficie du soutien d’une partie de la société civile du Grand Nord-Kivu, elle suscite également des interrogations sur son efficacité et son cadre juridique.
Un appui militaire contesté mais nécessaire
Le 1er avril 2025, des représentants de la société civile du Grand Nord-Kivu ont publiquement exprimé leur appui à la présence des troupes ougandaises en RDC.
Cependant, ils insistent sur la nécessité pour le gouvernement congolais de garantir le respect des accords bilatéraux encadrant cette opération militaire.
Leur crainte principale réside dans le risque d’un déploiement prolongé et incontrôlé de l’UPDF sur le territoire national.
Des résultats mitigés sur le terrain
Si les forces armées des deux pays revendiquent des victoires notables, notamment la neutralisation de plusieurs combattants ADF et la libération d’otages, l’insécurité demeure prégnante dans les territoires de Beni, Lubero et Irumu.
En mai 2024, un bilan dressé par les FARDC et l’UPDF mettait en avant l’affaiblissement de certaines bases rebelles, mais reconnaissait aussi la capacité de résurgence des ADF dans d’autres zones.
Des doutes sur la stratégie de l’UPDF
La présence de l’UPDF dans des zones non directement affectées par les ADF, notamment en Ituri, suscite des interrogations au sein de la population et des organisations de défense des droits humains.
Certains observateurs craignent que ces mouvements dispersent les rebelles vers des régions encore plus vulnérables, mettant en péril les populations civiles.
Une opération à reconfigurer ?
Alors que l’opération Shujaa entame sa quatrième année, des voix s’élèvent pour exiger une réévaluation de son efficacité.
La communauté internationale et certaines organisations locales appellent à un renforcement des effectifs et à une meilleure coordination entre les deux armées.
Le maire de Butembo, Mowa Baeki-Telly Roger, a réaffirmé que « les opérations FARDC-UPDF se portent bien », tout en appelant à une vigilance accrue pour éviter toute instrumentalisation politique du conflit.
Pour lui, la lutte contre les ADF ne doit pas être un prétexte à des ambitions militaires ou économiques cachées.
Quel avenir pour la coopération FARDC-UPDF ?
L’UPDF reste active sur plusieurs fronts, y compris en Ituri, avec pour mission officielle de neutraliser les groupes armés réfractaires au processus de paix.
Toutefois, la question de la durée de cette intervention et de son impact réel sur la stabilisation de l’est de la RDC demeure ouverte.
Alors que la population continue de subir les affres des violences, l’efficacité des opérations militaires congolaises et ougandaises devra être scrutée avec attention pour éviter qu’elles ne se transforment en une présence militaire prolongée sans résultats concrets.