AfriqueChineEconomie & FinanceRDCSociété

RDC : la société civile juge insuffisante la renégociation du « contrat du siècle » avec la Chine

Près de deux ans après la révision du « contrat du siècle » conclu avec des consortiums chinois, la société civile congolaise continue de remettre en cause l’équilibre de cet accord stratégique, censé lier exploitation minière et développement des infrastructures.

Un partenariat présenté comme « gagnant-gagnant »

Signé en 2008 et renégocié en 2024, ce contrat prévoyait un échange : l’accès à certains minerais stratégiques de la République démocratique du Congo (RDC) contre la construction d’infrastructures essentielles, notamment routes et ouvrages publics. Du côté du gouvernement, le discours reste positif. Kinshasa affirme que l’investissement initial de 3,5 milliards de dollars consacré aux infrastructures a plus que doublé, atteignant désormais 7,5 milliards, preuve selon les autorités d’un partenariat « gagnant-gagnant ».

Une société civile sceptique

La société civile, elle, exprime un avis bien plus nuancé. La coalition « Le Congo n’est pas à vendre » estime que la renégociation n’a pas permis de rééquilibrer suffisamment les avantages. Selon ses calculs, l’État perd chaque année au moins 430 millions de dollars en raison des exonérations fiscales dont continue de bénéficier la société minière Sicomines, issue du partenariat.

De plus, le financement des infrastructures demeure conditionné à la fluctuation du marché des métaux. Comme l’explique Jacques Kabulo, membre de la coalition, la mise à disposition de plus de 300 millions de dollars par an pour les projets congolais dépend directement du prix du cuivre : si celui-ci descend sous le seuil de 8 000 dollars la tonne, aucun décaissement n’est effectué.

Des projets d’infrastructures sous surveillance

La Ligue congolaise de lutte contre la corruption (Licoco) appelle pour sa part à une évaluation immédiate du volet infrastructures. Trois projets majeurs de routes, à Kinshasa et dans le Kasaï, illustrent selon elle les difficultés rencontrées. Ernest Mpararo, secrétaire exécutif de la Licoco, souligne que sur les 624 millions de dollars annoncés, près de 400 millions sont absorbés par le seul chantier de Kinshasa, réduisant considérablement les fonds disponibles pour les autres travaux. « Cela explique pourquoi l’avancement reste limité », déplore-t-il.

Une question de transparence et d’impact

Face à ces critiques, les autorités congolaises insistent sur les bénéfices à long terme de la révision du contrat. Elles affirment que l’accord corrigé en 2024 assure davantage de retombées économiques et sociales pour le pays, tout en renforçant la coopération avec la Chine.

Cependant, pour les organisations citoyennes, la véritable question demeure : ces ressources permettront-elles réellement d’améliorer les conditions de vie de la population, ou continueront-elles surtout à profiter aux partenaires étrangers ?

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page