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RDC : Quand l’État devient le premier frein des entrepreneurs

À Kinshasa, les entrepreneurs font face à une multitude de services étatiques qui les étouffent par des contrôles, taxes et tracasseries. Malgré leurs efforts pour se conformer, ils sont constamment harcelés par des agents en quête d’argent. Cet article dénonce une administration étouffante et appelle à une réforme urgente pour libérer l’initiative privée.

« L’État congolais a abandonné ses enfants, mais il revient les fouetter quand ils essayent de se lever. » – Proverbe kinois revisité

Dans presque toutes les communes de Kinshasa, un constat amer s’impose : entreprendre en République Démocratique du Congo est devenu une course d’obstacles, un labyrinthe sans fin de tracasseries administratives, de taxes impromptues et d’abus déguisés sous l’uniforme de l’autorité.

Qu’on parle d’un petit salon de coiffure, d’une boutique, d’un service de photocopie ou d’un mini-cyber, chaque jour est un combat contre les bras multiples de l’État, ou plutôt, contre ses tentacules bureaucratiques sans coordination.

Une armée de services pour une petite maison commerciale

Ouvrir une activité commerciale dans la capitale, ce n’est plus juste avoir un capital, une idée, ou du courage. Il faut aussi être prêt à affronter :

  • L’ANR, qui veut savoir ce que vous vendez, à qui et pourquoi.
  • Les agents de l’économie, qui réclament leur “petit papier” avant même de vérifier si l’entreprise existe légalement.
  • L’environnement, qui peut vous accuser de polluer même quand vous ne faites que vendre des papiers.
  • La PMEA, venue “contrôler” mais surtout collecter.
  • La police judiciaire, qui débarque sans mandat avec des menaces en poche.
  • Et tant d’autres, souvent sans ordre de mission, mais avec des intentions bien claires.

« Tu montes, ils descendent. Tu tiens, ils te saignent. Tu paies, ils reviennent. »

Une administration kafkaïenne

Il faut une pile de documents, souvent délivrés dans des bureaux différents, situés à des kilomètres les uns des autres. Entre le RCCM, le NIF, la patente, l’autorisation communale, l’attestation de l’environnement, l’agrément, la carte de l’INPP, l’enregistrement à la CNSS, et d’autres, le jeune entrepreneur passe plus de temps à faire des allers-retours qu’à développer son activité.

Et quand, malgré tout, il se bat pour tout régulariser, une autre équipe d’agents surgit pour lui inventer une infraction, ou “découvre” un document manquant, souvent juste pour extorquer un peu d’argent sous menace de fermeture.

Un peuple qui veut survivre, pas tricher

Ceux qui tiennent ces maisons ne sont pas des fraudeurs. Ils ne sont pas des ennemis de l’État. Ce sont des jeunes diplômés sans emploi, des pères de famille oubliés par la fonction publique, des femmes courageuses qui refusent de tendre la main.

« Si l’État ne me donne pas du travail, qu’il me laisse au moins en créer. »

Mais non. Au lieu d’être accompagnés, ils sont rackettés. Au lieu d’être encouragés, ils sont dissuadés. Au lieu d’être protégés, ils sont menacés.

l’État doit se réformer ou s’effacer

Il est temps que l’État mette fin à cette jungle bureaucratique. Un seul guichet unique, centralisé, digitalisé, transparent et accessible, doit remplacer tous ces services en double, en triple, en déroute. Ce n’est pas à l’entrepreneur de payer l’anarchie de l’administration.

Il est urgent que les autorités politiques prennent leurs responsabilités. L’entrepreneuriat est un levier de croissance, de paix sociale, d’emploi. L’étouffer, c’est nourrir la misère, le désespoir et, à terme, l’insécurité.

« On ne coupe pas l’arbre qui porte des fruits quand on a faim. »

La jeunesse congolaise veut travailler. Qu’on la laisse respirer. Qu’on cesse de criminaliser l’effort. Car à force de tuer les petits entrepreneurs, l’État risque de n’avoir bientôt plus personne à taxer.

À bon entendeur…

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