Procès à Paris : Roger Lumbala sollicite un témoignage de Jean-Pierre Bemba pour sa défense
En procès à Paris pour complicité de crimes contre l’humanité, l’ancien chef rebelle congolais Roger Lumbala a demandé au vice-premier ministre et ministre des Transports, Jean-Pierre Bemba, de témoigner en sa faveur. Le procès, ouvert le 12 novembre devant la Cour d’assises de Paris, porte sur des faits présumés commis entre 2002 et 2003 dans l’Est de la République démocratique du Congo.
Dans une lettre datée du 16 novembre et adressée au président du Mouvement de Libération du Congo (MLC), dont une copie est parvenue au CONGONET 24, Roger Lumbala implore la présence même virtuelle de Bemba et des anciens cadres du mouvement. Il leur demande d’intervenir auprès de l’Ambassade de France en RDC ou de la MONUSCO pour rétablir ce qu’il présente comme « la vérité ».
Lumbala rappelle notamment la réunion tenue à Gbadolite, dans l’actuelle province du Nord-Ubangi, entre Antipas Mbusa Nyamwisi (RCD/KML) et Jean-Pierre Bemba. Il soutient qu’il n’était qu’un simple signataire d’un accord déjà conclu, sans aucune participation aux négociations préalables.
Cette même correspondance a été transmise au président Félix Tshisekedi ainsi qu’à plusieurs personnalités politiques et militaires congolaises. Dans ce document, l’ancien député dénonce aussi l’indifférence de ses anciens alliés et met en avant ce qu’il estime être le rôle déterminant des ambassadeurs occidentaux États-Unis, Belgique, France dans la recherche de « la vérité ».
Actuellement détenu à la prison de la Santé à Paris, Roger Lumbala est poursuivi pour complicité de crimes contre l’humanité et participation à un groupement formé en vue de la préparation concertée d’actes criminels. Il affirme que les charges reposent sur des témoignages fabriqués par des ONG étrangères. Lumbala soutient également qu’il n’avait « ni troupes, ni armes, ni munitions » et qu’il ne disposait d’aucune autorité sur la chaîne de commandement militaire de l’époque, citant notamment le général Constant Ndima, alors en poste à Isiro, sur lequel il assure n’avoir exercé aucune influence.
L’ancien chef du RCD-N dénonce une « justice française néocolonialiste » et conteste la compétence de la Cour d’assises. Depuis le 13 novembre, il refuse de comparaître et a entamé une grève de la faim, évoquant un état de santé déjà fragile. Ses avocats, dont le professeur Tshibangu Kalala, travaillent également à remettre en cause la légitimité de la procédure.
Jonas TSHIPADI
