RDC : Kinshasa dénonce l’occupation de Bukavu et accuse le Rwanda
Le M23, soutenu par l'armée rwandaise, a pris le contrôle de Bukavu, marquant une nouvelle escalade dans l’est de la RDC. Kinshasa dénonce une occupation illégale et accuse Kigali de violations des droits humains. Malgré des preuves accablantes, l’Union africaine évite de condamner directement le Rwanda, contrairement aux chancelleries occidentales. Pendant ce temps, l’armée ougandaise attise les tensions en menaçant de s’emparer de Bunia. Face à cette crise, l’inaction des instances africaines laisse craindre une instabilité prolongée dans la région.
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La situation sécuritaire en République démocratique du Congo continue de se détériorer. Le groupe rebelle M23, appuyé par l’armée rwandaise, a étendu son contrôle jusqu’à Bukavu, capitale du Sud-Kivu et ville de près d’un million d’habitants. Cette avancée, confirmée par le gouvernement congolais, suscite une vive inquiétude sur le plan international. Plusieurs chancelleries occidentales ont réagi, dénonçant une escalade du conflit et un risque accru d’instabilité dans la région.
Après la prise de Goma au Nord-Kivu, Bukavu devient la deuxième grande ville tombée aux mains du M23 et de ses alliés rwandais. Face à cette occupation, Kinshasa a réagi avec fermeté. Dans un communiqué officiel publié sur le réseau X, le ministère congolais de la Communication a fustigé le Rwanda, l’accusant de persister dans « un projet d’occupation, de pillage et de violations des droits humains », en dépit des appels au cessez-le-feu lancés par la communauté internationale et des résolutions prises lors du sommet de Dar-Es-Salaam en février.
Ces accords, adoptés sous l’égide des organisations régionales d’Afrique de l’Est et d’Afrique australe, devaient théoriquement conduire à une désescalade du conflit. Pourtant, sur le terrain, la situation ne cesse d’empirer. Malgré des preuves accablantes, y compris des rapports d’experts de l’ONU établissant le soutien du Rwanda au M23, l’Union africaine reste prudente et évite toute condamnation directe de Kigali. Cette posture contraste avec les déclarations de plus en plus tranchées de certains pays occidentaux.
Tensions régionales et menaces sécuritaires
Parallèlement à l’avancée du M23, une autre déclaration a enflammé les esprits ce week-end. Le général Muhoozi Kainerugaba, chef de l’armée ougandaise et fils du président Yoweri Museveni, a publiquement menacé de s’emparer de Bunia, capitale de l’Ituri. Si ces propos restent difficiles à interpréter, ils soulèvent des interrogations quant aux intentions de Kampala, d’autant plus que l’armée ougandaise est déjà présente dans l’est de la RDC pour des opérations contre les ADF (Forces démocratiques alliées).
Dans ce climat de tensions croissantes, l’Union africaine a timidement pris position. Son commissaire à la paix et à la sécurité a mis en garde contre une possible « balkanisation de la RDC » et appelé au retrait immédiat du M23 des territoires occupés. Cependant, le Rwanda n’a une fois de plus pas été mentionné, malgré les nombreuses preuves de son implication.
Face à cette inaction des instances africaines, Kinshasa et ses alliés cherchent d’autres leviers diplomatiques pour stopper l’agression. Mais sans une mobilisation plus ferme de la communauté internationale et une volonté claire d’imposer des sanctions, la crise dans l’est de la RDC risque de s’enliser, laissant place à de nouvelles violences et à une instabilité prolongée.