Inondations à Kinshasa : L’Est de la capitale submergé, les habitants livrés à eux-mêmes
Des quartiers de l’est de Kinshasa ont été gravement inondés suite à la crue de la rivière Ndjili le 6 avril 2025. Des familles piégées dans leurs maisons ont été secourues principalement par des jeunes volontaires, faute de moyens suffisants. La circulation est paralysée sur le pont Ndjili, tandis que le gouvernement met en place des navettes fluviales pour les voyageurs.

Kinshasa, dimanche 6 avril 2025
La capitale congolaise traverse une nouvelle épreuve ce week-end, alors que les pluies diluviennes ont provoqué une crue spectaculaire de la rivière Ndjili, entraînant l’inondation de plusieurs quartiers situés à l’est de Kinshasa. Des dizaines de familles, piégées dans leurs habitations envahies par les eaux depuis plus de deux jours, ont commencé à être secourues ce dimanche après-midi.
Les opérations de sauvetage s’organisent dans l’urgence et sans véritables moyens logistiques. Sur place, ce sont principalement les jeunes des quartiers sinistrés qui, à la force des bras, transportent les enfants sur leurs épaules et assistent les adultes à évacuer les zones inondées. Malgré la présence du gouverneur de la ville, Daniel Bumba, et de quelques agents du gouvernement, ce sont des volontaires qui assurent l’essentiel du travail.




Des moyens dérisoires face à l’ampleur de la catastrophe
Les habitants dénoncent un manque flagrant de ressources et de coordination. Depuis 48 heures, nombre de familles sont restées coincées sans assistance dans leurs maisons. Certains sinistrés, sortis de justesse de chez eux, ont été pris en charge par des membres de la Croix-Rouge et quelques agents municipaux identifiables par leurs gilets siglés. Des ambulances ont été aperçues, probablement mises à disposition par la mairie.
Des vidéos filmées sur les lieux et diffusées par des journalistes locaux montrent le gouverneur Daniel Bumba circulant en canot à travers les rues transformées en canaux. Interpellé par les sinistrés, il est confronté à la détresse de familles manquant d’eau potable, de vivres et de moyens pour quitter les lieux.
« Nous avons faim, nous avons soif, et personne ne vient nous aider », s’exclame un habitant, coincé derrière les barreaux de sa fenêtre.




Circulation paralysée sur le pont Ndjili
La situation sur le pont Ndjili reste critique. Depuis samedi soir, un bouchon monstre paralyse l’axe stratégique du boulevard Lumumba, après que les eaux de la rivière ont envahi une partie de la chaussée. De nombreux automobilistes, dans l’impossibilité d’avancer, ont été contraints d’abandonner leurs véhicules pour rentrer chez eux à pied.
Certains témoignages font état de camions militaires réquisitionnés pour transporter les piétons entre les points les plus critiques, notamment entre Debonhomme et l’arrêt Abattoir. En début de soirée, le commissaire divisionnaire adjoint Blaise Kilimbalimba a déclaré à Radio Okapi que les forces de la police nationale congolaise sont mobilisées et que les travaux de dragage sont « bien avancés », annonçant un retour progressif à la normale.
Des mesures exceptionnelles pour les voyageurs aériens
Alors que plusieurs routes d’accès à l’aéroport international de Ndjili sont devenues impraticables, le ministère des Transports a mis en place un dispositif d’urgence pour permettre aux voyageurs de rejoindre leur vol. Par voie fluviale, des navettes de l’ONATRA partent désormais du Beach Ngobila (Gombe) à destination des ports de Kinkole (Congo Futur) et Safari Beach. Des bus Transco assurent ensuite la liaison jusqu’à l’aéroport.
Ce plan d’urgence, bien qu’utile, reste flou sur plusieurs aspects. Notamment, aucune précision n’a été donnée sur la gratuité ou non de ce transport. Des passagers affirment avoir dû débourser jusqu’à 200 dollars américains pour emprunter ces navettes, un tarif exorbitant dans une situation déjà dramatique.
Une ville confrontée à ses faiblesses structurelles
Cette nouvelle catastrophe naturelle met une fois de plus en lumière les vulnérabilités chroniques de Kinshasa, un urbanisme désordonné, un système d’évacuation des eaux presque inexistant, et une gestion de crise souvent improvisée. Alors que les changements climatiques augmentent la fréquence et l’intensité des épisodes pluvieux, la capitale congolaise semble encore loin d’être prête à y faire face efficacement.


Les habitants, eux, n’attendent plus grand-chose de l’État et s’en remettent, comme souvent, à la solidarité communautaire. Une résilience admirable, mais qui ne saurait remplacer des politiques publiques à la hauteur des enjeux.